"Pour moi Maloya, tu es la fleur qui m’a manquée quand j’étais petit."d.w.
Danyèl Waro est né le 10 mai 1955 au Tampon. Son vrai nom est Daniel Hoareau et il est issu d’une famille d’agriculteurs. Il est le 4° enfants sur 5 et chez lui il n’y avait ni eau courante ni électricité. Il passa son enfance dans les champs de canne à sucre.
C’est à l’age de 18 ans qu’il entend Firmin viry dont il sera l’apprenti, et penche vers le maloya.
"Quand j’ai vu Firmin Viry pour la première fois vers mes dix-huit ans. Il avait des instruments que je n’avais jamais vus – comme tous les Réunionnais, parce que c’était clandestin. Je découvre ça, et c’est un vrai coup de foudre. Mais je suis déjà dans ce monde-là, car je travaille la terre, comme Firmin Viry. Je ne corresponds pas à la définition du yab, qui mange comme ci, qui croit comme ça." d.w.
Il fait son premier concert de maloya en 1975.
Notre créole blond est profondément anti colonialiste, anti armée, et anti fasciste. Juste apres son bac raté (il était chef de grève en terminale) Il fit un séjour en prison de 2 ans en France car il refusa de se rendre au service militaire français. Du coup, il écrit un livre en prison "Romans ékri dans la zol en Frans", un roman paru en 1978. Un livre militant Où il dénonce la politique de l’île. Et énonce un concept qui lui est cher, celui de batarsité.
Il a aussi écrit et publier "Les Chemins de la Liberté.
Gafourn" en 1987. Et un recueil de poèmes en créole publiés sous le titre de "Démavouz la vi"en 1996.
"Pour moi le maloya, c'est d'abord le mot. Je cherche la cadence, l'image, le rythme dans le mot. Grâce au maloya, j'ai pris du recul par rapport à la philosophie cartésienne, aux jugements trop conceptuels. Le maloya m'a remis en accord avec la Réunion, avec les gens, avec notre langue, et notre bâtardise. » d. waro
Il suivit activement le parti communiste (à l’image de son père qui été communiste) jusqu’en 1990.
Il rentre à la réunion en 1975, et participe aux kabars, cérémonie qui à cette époque est en train de sortir le Maloya de la clandestinité. Il vit dans les hauteurs de st.paul à la réunion.
Et il collabore avec la Troup Flanboiyan jusqu’en 1984.
En 1998 il se présente aux élections régionales pour la liste "Nasyon rényoné dobout".
Mais il n’obtiendra que 0,77% des suffrages.
Le luthier :
Danyel n’est pas qu’un musicien, il est aussi luthier. Il fabrique les instruments traditionnels du maloya, le kayamb, le bob et le rouler.
C’est un artiste scénique, aux mots aiguisés et dans la pure tradition du maloya.
Il participa à la renaissance du maloya, si bien que rené Lacaille avoue que c’est en écoutant danyel waro qu’il a repris contact avec ses racines, et a troqué son jazz pour du maloya alors qu’il avait 50 ans. Il a fait des concerts dans le monde entier.
Albums :
C’est en 1987 que Danyel Waro enregistre sa première cassette "Gafourn" avec le soutien de Ziskakan.
Puis viendra l'album"Batarsité" en 1994. "Sega la pente" sort en 1996 c'est un album dans lequel la chanteuse réunionnaise Françoise Guimbert prend part.
"Foutan Fonnker" en 1999 marque une nouvelle période puisqu’il signe chez le label cobalt qu’il ne quittera plus.
Il sort "Bwarouz" en 2002, et"Sominnker" en2003 dans lequel il collabore avec jazzman réunionnais Olivier Ker Ourio, et dont le titre "la météo" est extrait:
Son dernier album "Grin n syel" est sorti l'année passée en aout 2006. Danyel Waro est pour cette ocasion accompagné par Son fils de 24 ans Samy Pageaux Waro, déjà remarqué pour ses talents de percussionniste dans le groupe de Nathalie Natiembé.
Ses concerts prochains en France:
DANYEL WARO sera à Reze (44) le 3 mai, à Reims le 9 mai, à Nancy le 11…
extrait d'interview de Danyel waro:
Pensez-vous que le maloya a perdu sa signification historique ?
"Oui ça manque de lien avec l’histoire. Le maloya est un expression totale, humaine, qui doit s’enraciner avec l’histoire. Ce n’est pas qu’une simple musique. Il faut un lien avec le passé pour mieux être en phase avec la musique.
Aujourd’hui l’aspect commercial domine mais je voudrais dire aux jeunes qui écoutent le maloya que le kayamb (instrument de percussion utilisé dans l’orchestre de maloya), par exemple, est un instrument qui a une identité propre avec toute une histoire qui dit l’exil, la souffrance et la joie aussi.
C’est un moment d’histoire et une source de reconstruction identitaire. C’est un moyen d’être en relation avec le passé et qui permet de se projeter dans l’avenir et pour moi c’est une condition sine qua non pour être debout, pour retrouver sa fierté et sa dignité parce qu’au temps de l’esclavage les trois quarts des Réunionnais ont été considérés comme non-humains."d.w.
Il n’y a pas très longtemps le maloya était une musique interdite ? "Le maloya est une musique qui a été apportée par les esclaves, d’origines différentes - Afrique, Madagascar. Avec les métissages - malgaches, africains, noirs, indiens malbars, blancs-, le maloya bénéficie d’apports multiples de toutes ces populations tout en restant une musique populaire. Avec le mouvement progressiste en 1936 et dans les années 1950 avec la création du Parti Communiste Réunionnais qui se déclarait autonomiste, les rassemblements populaires étaient interdits et le maloya avec eux. Le maloya est finalement devenu clandestin car considéré comme subversif. Mais les traces sont restées et les pratiques d’hommage aux ancêtres aussi. De cette interdiction est restée le fait que dans la tête de beaucoup, pour être bien il fallait être catholique, être dans la norme en d’autres termes "paraître blanc". Il fallait rejeter sa négritude, son «"africanité", sa "malgachité", car c’était considéré comme dévalorisant, déshonorant. Aujourd’hui encore, certains ne veulent pas faire passer la culture maloya à leurs enfants la considérant comme un handicap pour leur avenir." Danyel Waro
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