Mo'Kalamity interview

Interview de la jeune chanteuse d'origine Cap Verdienne Mo'Kalamity, la découverte musicale d'une chanteuse qui oscille entre reggae et soul music, c'était à la gare de Coustellet non loin d'Avignon, quelques instants avant son entrée en scène.
Mo'kalamity and the Wizards venaient présenter leur nouvel album "Warriors of Light" produit par L'Assos'piquante Productions Spéciales en 2007.

Mo'Kalamity :
La 1ere question qu’on avit envie de te poser, pourquoi Mo’Kalamity ?

Il y a plusieurs degrès, on va dire ; je m’appelle Monica, par

contraction : Mo ; Mo’Kalamity fait référence à Kalamity Jane, c’est
le fait qu’on est dans le Far West, on est dans Babylone System ; c’est le
fait que j’évolue dans un milieu d’hommes et que je dis toujours ce que je
pense.

Depuis combien de temps tes musiciens, les Wizard t’accompagnent ?

C’est une rencontre qui s’est effectuée en 2003, j’ai joué avec d’autres
guitaristes et d’autres batteurs mais la majorité du temps c’est avec les wizard
que j’ai joué.

On parle de ton style en terme d’éclectisme mais quelle influence musicale t’a-t-elle particulièrement marqué quand tu étais plus jeune ?

Le reggae, le reggae roots principalement, mais aussi les groupes des années 60,
7O, à partir du moment où il y a des harmonies, des cœurs comme la soul,
Otis Redding, du funk , du jazz

Donc pas de chansons à textes appartenant à une certaine tradition française ?

Non, pas du tout. Disons que c’est une autre approche moi j’aime

bien le rythme

Et le HipHop ?

Disons que j’en écoute mais que ce n’est pas la musique qui me touche le plus

Tu es originaire du Cap-Vert qui est un pays où la tradition musicale est importante, quels sont les liens que tu as avec ce pays ?

C’est ma famille et c’est mon histoire, après c’est vrai que dans mon quotidien

je ne suis pas tout le temps avec des Capverdiens mais c’est ma culture ; c’est
ma musique, c’est avec le reggae la 1ere musique que j’ai écouté. Mes parents
écoutaient beaucoup de musiques Capverdiennes et beaucoup de reggae,
musicalement ça m’a beaucoup apporté.

Tu continues à en écouter aujourd’hui ?

Ce n’est pas la musique que j’écoute tous les jours mais dès que je vais chez ma
sœur qui entretient des liens plus fort avec le pays j’écoute les nouveautés.

Est-ce que tu envisagerais une collaboration musicale avec d’autres Capverdiens, je pense à Mayra Andrade par exemple.

Oui, j’aimerais beaucoup avec les musiciens surtout. Mayra Andrade a beaucoup de
talents comme Lura ou toute une génération qui est arrivée mais je sais que le
Cap-vert est un pays qui musicalement grouille de trésors, il y a beaucoup de
guitaristes et de très bons solistes

Tu places le reggae très haut, te sens tu Rasta ?

je me sens moi ! Maintenant c’est vrai que j’ai une certaine façon de vivre et
il y a des choses auxquelles j’accorde beaucoup d’importances dans la vie, alors
si faut mettre un mot là-dessus on va dire je suis rasta mais je suis ce que je
suis et ce qui compte c’est les relations humaines, je serais pas dire ce qu’est
Rasta ou la valeur que tu y donnes ; donc pas de qualificatifs.

Est-ce que ce n’est pas difficile de défendre les valeurs humanistes dans Babylone système ?

Bien sûr que c’est difficile mais je suis persuadée qu’en communiquant les
choses vont évoluer. Dans un paradis de la consommation c’est un combat
difficile de chaque jour, les choses prennent du temps à
changer même dans
notre petit laps de temps de vie humaine et puis derrière il y a toutes les
générations futures…..

Quels sont les artistes jamaïcains qui t’ont marqués dans les artistes roots des années 60,70 ?

Il y en a plein, plein de talentueux, Bob bien sûr, the Abyssinyans, Ken Boothe,
pour les premiers qui me viennent mais il y a aussi les Gladiators, Burning
Spear..

Mo'Kalamity :
Tu as plutôt une préférence pour les roots que pour le new roots ?

J’ai une préférence pour le roots même si j’écoute de tout, tout style de
reggae, du reggae anglais …. Mais on revient toujours au roots même si j’écoute
pas mal de new roots ce n’est pas la musique qui reste imprégné dans mon esprit
et dans mon cœur, au final, je reviens toujours au roots.

Dans le projet d’un featuring, tu choisirais quel artiste ?

Il y a plein d’artistes avec qui j’aimerais chanter mais les featuring je les
place avant tout comme une rencontre humaine avant tout dernièrement, j’ai fait
un F avec un artiste jamaïcain qui s’appelle X avec qui on avait envie de faire
un truc ensemble l’occasion s’est présentée, avant tout il faut que ça soit fait
avec le cœur. Actuellement, il y a plein d’artistes que je trouve talentueux
comme Lutan Fya, Admiral T ou Sizzla même si un côté me déplait, mais on ne peut
rien enlever à son talent de chanteur. Il y a aussi Jah Mali aussi

Dans ton myspace tu as écris « la musique apaise l’âme », ressens- tu une certaine colère face à certaines injustices ?

Tout d’abord par rapport à cette phrase, la musique apaise l’âme, je suis
convaincue que quand on écoute la musique, ça nous rappelle quelque chose, un
moment où nous avons été heureux, un bon souvenir de notre vie, ça nous suit
tout le temps, c’est aussi quelque chose qui nous calme , c’est pour ça que je
dis que ça apaise . Cela apaise l’âme aussi car c’est le seul moyen qui
rassemble autant de gens simplement par rapport à une question de vibrations,ça
rassemble un tas de gens, on peut être dans un monde communion sans trop se
poser de questions, simplement par des ondes.
Par rapport à l’apaisement de
nos tribulations moi ce qui me dérange particulièrement c’est à partir du moment
où les gens ne sont pas maîtres de leurs destins.
Peu importe où ils soient,
ce qu’ils font mais que les gens choisissent par eux-mêmes sans qu’on leur
impose des choses.
Je pense que chacun a droit d’être, de se trouver
A
partir du moment où que cela soit, à l’Est à l’Ouest, à partir du moment où ils
ne peuvent pas agir comme ils l’entendent je trouve que c’est dérangeant pour
l’humain.

Te sens tu plus proche de l’anglais pour t’exprimer artistiquement ?

Oui, l’anglais offre plus de libertés vis-à-vis de la musique, c’est une
question de beauté de la mélodie, c’est une question d’oreille.
Le français
est accès sur autre chose et puis le timbre de voix n’est pas forcément le même
en anglais et en français

Et en créole ?

Pas encore mais je sais que je vais le faire, le Cap-vert est ce que je suis
aussi je pense que c’est parce que je n’ai pas osé.

Quels sont tes projets artistiques à venir ?

D’abord c’est faire connaître cet album, et ce que je veux c’est jouer,
continuer en sous-marin

Un grand artiste, Lucky Dube vient de nous quitter as-tu un mot particulier pour lui ?

Lucky Dube est très important en Afrique,pour beaucoup de monde aussi, on sera
toujours à ses côtés pour continuer à diffuser son message dans une même
direction. L’Afrique reste toujours présente.

Pour finir pourrais tu nous chanter quelque chose ?

De sa chaleureuse voix, elle fredonne l’une de ses chansons de l’album
Warriors of light.

Interview par Sista July, Photo by Yogi.